Rencontre avec mon soi intérieur ou comment le geste créatif affine les courbes, harmonise les fils de ma vie.

Je ne peux encore aujourd’hui expliquer cet engouement, cette attirance au point de m’y consacrer corps et âme pendant des heures, des jours, se transformant en années. Je parle ici de ma passion pour le modelage terre et sur fibre (plus particulièrement la technique du feutre). Ce fût une rencontre si évidente, si facile, si complice par le toucher. Je me surprenais à voir mes mains si à l’aise, sachant quoi faire et où se diriger intuitivement . Le geste était souple, serein, guidé. En harmonisant les fibres par exemple, je ne me rendais pas compte à quel point le geste contribuait à activer toutes mes cellules et, in fine harmoniser mes énergies et mon souffle de vie. Mes cellules s’imprégnaient de ce savoir-faire inspiré en l’éprouvant pour mieux marquer son passage, laisser sa trace, outiller ou ré-outiller la mémoire du geste. La tête ne sait pas mais mes mains oui , toutes mes cellules connaissent le chemin. Et dans la maîtrise du geste, la créativité débordante, enivrante me faisant perdre le fil du temps. La caractéristique que chacune porte en tant que matière isolante donne une valeur encore plus puissante au geste suivant les pas de mes ancêtres dans la confection d’un abri solide et sain.

Le contact subtil de l’élément qui se transforme, se façonne sous mes mains parfois lisse parfois rugueux s’inscrit dans cette rencontre intime éveillant tout mon être. Le toucher active des points sensibles dans tout le corps que j’apparente à une acupuncture subtile. Tel un massage intérieur je suis dans un rafraîchissement du bain chimique dans lequel baigne mes cellules . J’éprouve un plaisir intense à modeler, affiner, ressentir, respirer, répéter le geste, amplifier, adoucir, allonger les courbes, répéter encore et laisser s’exprimer peu à peu le chant de mon âme. Surgit alors l’émotion. S’émouvoir de ce lâcher-prise, de cette reliance à soi, à la Source, au mouvement de la vie telles des vagues douces et réconfortantes vers mon espace cœur. Dans le plaisir de caresser les bosses, sublimer les courbes, je rentre en contact avec les contours de mon être, tout le corps se modélise jusqu’à ce que le geste extérieur adoucisse les contours de mon cœur. Je ressens l’infiniment petit dans cet équilibre si fragile , dans la force et la finesse et l’infiniment grand dans cette interconnexion .

Le contact avec chacune de ces matières fût une expérience sensorielle et créative mettant toutes mes cellules aux abois, dépendantes de cette vibration. Ce geste créatif et méditatif alchimise mon soi incarné et mon soi sacré. Il participe habilement à mon ancrage et à l’élévation de mon âme. Et puis si…aujourd’hui je peux le comprendre cette attention fine pour la matière et la mémoire du geste. Parfois sous l’effort physique et la volonté du résultat, je l’avais réduit au faire et encore au faire réactivant mon mental et perdant tout son sens sacré. Il est venu à moi pour préparer l’être de demain, ma mémoire du futur. Il s’est invité et je l’ai laissé s’installer pour apprendre à ressentir, pour apprendre à écouter, désapprendre et enfin transmettre, partager encore et encore cette activation des sens, cette ouverture des perceptions et lui donner sens à travers cette savoureuse célébration de la Vie, cette humilité du vivant.

Et vous quelle est votre expérience avec le geste créatif quel qu’il soit ? Ou si elle remonte à loin, qu’avez-vous garder en mémoire ?